Les montagnes, les lacs, les villages et les forets se succedaient à mesure que Aiko poursuivait sa route. Son coeur battait la chamade alors qu'elle s'approchait peu à peu de son objectif. Une certaine joie la grisait tout entiere en parcourant un à un ces endroits ou la nature y était maitre pourtant, au fond d'elle un sentiment tres étrange ne voulait pas la quitter tandis que les jours s'écoulaient... le vide...Oui malgré cette liberté qu'elle sentait l'habiter à chaque lieu qu'elle rencontrait, ce sentiment mysterieux persistait. Aiko repoussait pourtant de tout son être cette émotion qui prenait de plus en plus de place en elle, mais plus elle le faisait et plus il s'accentuait. Il lui manquait...
Adossé au tronc de l'immense arbre ou elle s'était perchée, la vue magnifique de ces paysages sauvages à portée de vue, la jeune fille était perdue dans d'étranges pensées. Rien de ce cadre enchanteur ne semblait l'attirer, chose bizarre chez elle, seul un blond aux yeux couleur de l'océan ne cessait d'hanter son esprit.
Aiko ferma rageusement les yeux, mais pourquoi bon sang, pourquoi pensait-elle autant à lui, s'en devenait insoutenable. Il lui avait fait subir des choses atroces malgré cela, elle avait balayé leur combat dès lors ou ses lèvres avaient rencontrés les siennes, si douces, si possessives...
D'un bond elle descendit de son perchoir et se mit à reprendre la route, courant à perdre haleine pour effacer ce souvenir trop ancrée dans sa mémoire.
Deux semaines venaient de s'écouler depuis qu'elle s'était enfuie de l'hopital et pourtant cela semblait durer une éternité. Mais elle approchait de son but...
Aiko s'était maintenant engagée dans une foret qui lui semblait étrangement familiere. Tout dans chaque arbre, chaque feuille, chaque plantes ou animaux qu'elle croisait respirait la sérénité, un sentiment qui allégait son coeur. Et c'est là qu'elle sut qu'elle avait réussie. Cet endroit avait été durant son enfance le lieu de ses jeux, de ses rêves et de ses espoirs. Cette forêt avait été son refuge tellement de fois, c'était elle qui lui avait permis de comprendre les dons qu'elle possédait et lui avait fait découvrir la vraie beauté.
Son coeur résonnait de plus en plus fort, de plus en plus vite dans son poitrine à mesure ou elle empruntait un chemin qu'elle connaissait par coeur, la clairiere. La végétation semblait moins dense à chaque mètre parcourue, elle approchait...
La nuit prenait peu à peu la place, recouvrant de son manteau étoilé le ciel de cette douce nuit d'hiver. Une légère brise caressait le visage de la jeune fille dont le regard était à présent dirigé vers un endroit précis. Le temps semblait s'être arrété en cet instant, plus rien ne comptait à part cette vision. Avec lenteur, Aiko s'approchait du lieu ou reposaient ses parents depuis maintenant 10 ans. Elle n'était jamais revenue depuis ce jour atroce qui avait décimée sa vie entiere, elle n'avait jamais eut la force nécessaire pour le faire. Avec mélancolie et tristesse, la jeune kunoichi se rememorait ce jour maudit ou elle avait enterrée ses parents. Comme si une journée s'était à peine écouler depuis ce moment, Aiko revoyait dans son esprit la fillette qu'elle était transporter sa mère défunte dans ce lieu ou la paix et la magie impregnaient l'atmosphere. Oui elle n'avait pas eu longtemps à reflechir pour savoir que cet endroit serait la demeure de ses parents. En chemin la fillette avait découvert le corps lacéré de son père, sabre à la main, tentant de protéger son village dont il était responsable, action qui lui avait couté la vie...
Une moin frele et tremblante se posa sur la stele en bois ou l'on pouvait lire
Ici repose Yukido et Susuki Enami, mort en ayant protégé leur village.
" Bonsoir maman, papa...je suis rentrée à la maison..." [murmura une voix douce et triste, phrase souvent prononcée lorsqu'elle était enfant.
Une larme puis deux coulerent en silence sur ses joues pâles, il y avait tellement longtemps qu'elle n'avait pas pleuré. Aiko avait toujours crue que ce n'était qu'un geste de faiblesse, mais en cet instant, pleurer semblait apaiser sa peine et sa douleur trop longtemp contenu...[/i]
" J'ai réussi à survivre depuis ce jour...et tout cela grace à ma haine mais aujourd'hui je comprends maintenant que ce n'était qu'une erreur...Je m'exuse d'avoir été ainsi mere, pere, mais je voulais tellement vous venger pour ce qu'ils vous avaient fait, pour ce qu'ils nous avaient fait..."
Les larmes ruisselaient maintenant sur son visage, tandis qu'elle se tenait à genoux, ses deux paumes posées sur la pierre tombale. Pendant de longues heures elle resta ainsi, puis fermant les yeux, elle s'endormit aux côtés de ceux qu'elle aimait.
Ce fut le ruisselement de la pluie qui sortit Aiko de son sommeil. Couverte de terre, elle se leva avec lenteur, le visage tourné vers le ciel, ceuillant sur son visage les fines gouttes qui tombaient, faisant paraitre la clairiere encore plus belle et apaisante que d'ordinaire. C'est dans ces moments qu'elle montrait sa vraie beauté, dans ces moments ou la nature reprenaient ses droits et ou rien ne pouvait perturber cet instant magique.
Aiko fixa avec douceur, le visage serein et apaisé le morceau de bois gravé. Sa main se posa une derniere fois sur celui-ci, tandis qu'elle murmurait:" Merci maman...papa, j'ai enfin trouvé ce que je cherchais..."
Et sur ces mots, elle se remit en route. Son état était difficle à décrire, mais la magie qui avait toujours entouré les habitants et leurs lieux était une chose impossible à comprendre pour de simples personnes...Seuls ceux ayant vécu dans cette harmonie qui avait toujours habité leur village pouvaient comprendre le pouvoir prodigieux que chacun avait en lui. Un vent doux caressa le visage de la jeune fille qui se mit à sourire. Ses parents étaient là avec elle, l'accompagnant sur le chemin tortueux de la vie, leur présence si longtemps caché à la jeune fille par sa haine et sa vengeance reapparaissait, son coeur enfin apaisé.
Une chose pourtant devait encore être fait, et c'est sur ces pensées que Aiko se dirigea vers la montagne jouxtant la forêt ou elle se trouvait. La fatigue et la faim se ressentaient de plus en plus, mais rien ne pouvait arreter l'objectif de Aiko, elle se devait de la retrouver pour être enfin en paix.
Enfin apres un temps interminable de marche, la jeune fille faisait maintenant face à une grotte caché à flanc de montagne. Sur le côté droit, inscrit dans la roche, on pouvait y lire:
"Ici ne sont autorisés à entrer que ceux ayant l'âme pur"
Aiko n'eut pas à hesiter longtemp pour savoir si elle avait l'âme pur, car au fond d'elle même la reponse s'était imposé à son esprit. Lors de l'invasion, les enmeis n'avaient put découvrir ce qu'ils cherchaient, tout simplement parce qu'elle était ici, dissimulée loin des regards et impossible à dérober si l'on n'était pas du village. Seul ceux ayant ce contact si particulier avec les éléments comme les habitants aujourd'hui disparus, pouvaient pénétrer à l'interieur. Quoi qu'Aiko ait fait, jamais elle n'avait perdue ce lien mysterieux entre la nature et elle.
Avec lenteur, elle franchit le dome de pierre, et sans difficulté, pénétra dans la grotte. Celle-ci était plongée dans l'obscurité la plus totale, mais cela n'empechait en rien la progression d'Aiko à travers les dédales du souterrain. Etant enfant, elle était déja aller en ce lieu avec son père.
Apres quelques instants une faible lumiere semblait se trouver au bout du chemin, et c'est avec beaucoup d'effort qu'Aiko y parvint enfin...
Sous ses yeux émerveillées, une large salle éclairée par une lumiere dont on ne savait pas la provenance lui faisait face. Sur chaque pan de mur, on pouvait y voir de nombreuses inscriptions dans un dialecte ancien, autrefois parlé dans leur village. Ici et là s'étendaient de magnifiques dessins d'hommes et de femmes, d'animaux, de la nature, tous semblant vivre en total harmonie.
Au centre de tout cela tronait sur un receptacle un magnifique sabre fierement disposé. Intimidée, la jeune fille franchit les quelques mètres la séparant de leur fierté depuis des générations...Le sabre de Miline...
Elle se souvenait encore de la toute premiere fois ou elle avait posée son regard sur cette arme, son pere à ses côtés. Elle entendait encore la voix grave résonner dans la salle, lui expliquant l'importance et la fierté qu'éprouvait Yukido à garder cette épée, symbole de leur village depuis des générations.:
"Il appartenait à notre ancêtre, créateur de ce village, qui s'était battu pour le préserver et nous offrir une vie douce, sans souffrance ni haine. Son souhait le plus cher était d'offrir à son peuple une vie loin de toute cette guerre perpetuelle que se livraient les tribus voisines. Grace à son courage et sa force, il nous a sauvé et a réalisé son souhait le plus cher. Depuis des générations, ce sabre a été transmis, et tout comme il me reviens aujourd'hui, un jour il sera à toi..."
Et ce jour était enfin arrivé, elle possédait désormais le dernier vestige de leur village. Une sensation de fierté et d'intimidation l'habitaient tandis qu'elle s'approchait encore du sabre. Oui, elle fera tout pour être la digne porteuse de cette arme, pour montrer à tous que même disparu, son village continuait de vivre en elle.
Avec lenteur Aiko rapprocha sa main de la manche de l'arme qu'elle empoigna fermement. Aucunes resistance ne vint lorsqu'elle le délogea de son socle. Avec respect, elle tint l'arme de façon à la sortir de son fourreau. Avec délicatesse elle sortit le sabre qui en dehors brillait de mille feu. Aiko n'en croyait pas ses yeux, elle était magnifique. Quelque chose d'étrange se passa alors, comme une fusion entre l'épée et son porteur qui lui était destiné. Une lumiere argentée les entouraient...
Un mois venait de s'écouler depuis son départ du pays du feu, et aujourd'hui elle pénétrait à nouveau là ou elle avait fait des choses affreuses, là ou sa vie allait à nouveau recommencer...
Vétue d'une cape noire l'entourant et dissimulant son arme, un capuchon rabbatu sur son visage, dissimulant sonidentité à tous, Aiko franchissait les frontieres qui séparaient son passé de son futur. Sa premiere pensée fut pour uncertain blond vivant dans un village qu'il aimait par dessus tout...Depuis son départ, elle n'avait fait que penser à leurs retrouvailles qui s'annoncaient éprouvante.
Sujet: De retour chez soi... 
Mar 1 Jan - 15:59